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Vie d’hier et d’aujourd’hui

LES JOURNEES DE GRAND MERE

mercredi 8 février 2017

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MP3 - 1.8 Mo

Les journées de Grand-mère

Elle mettait de l’eau à chauffer dans une marmite noircie qui restait sur le poêle d’été dehors. L’hiver, le poêle était remisé, et le feu brûlait dès le matin dans la grande cheminée de la salle commune. La même marmite était accrochée à la crémaillère.

Grand-mère lavait les bols, faisait tomber à vigoureux coups de torchon, les miettes du repas. Les poules déjà levées entraient avec précaution. J’apercevais leurs petits yeux ronds épiant les gestes de Grand-mère. Lorsqu’elle prenait le balai de brindilles de bois, les poules battaient des ailes, piaillaient en descendant à toute allure les marches de pierre.

Puis Grand-mère lavait à grande eau, sans lessive, le dallage de pierre polie à très large coups de serpillière tordue dans un baquet de bois. Elle faisait courant d’air pour sécher le tout. Je remontais les draps et les repoussais tour à tour pour sentir, tantôt la tiédeur du lit, tantôt la fraîcheur du matin.

Vers 8 heures, Grand-mère me faisait lever. Le grand bol de café au lait fumait sur la table entouré de larges tartines couvertes du beurre qu’elle faisait deux fois par mois, à la baratte à main. Les pains de beurre étaient de forme ovale. Ils devaient, il me semble, représenter ½ livre actuelle. Grand-mère traçait des rayures d’un sens et de l’autre, avec les pointes d’une fourchette, ce qui faisait un quadrillage.

D’autres fermières, ayant d’avantage de vaches et plus outillées, à l’aide d’un moule, agrémentaient leur pain de beurre, par une fleur. C’était du beurre pour le " Ramasseur " ; le nôtre était pour notre consommation. Pour le conserver, Grand-mère plaçait les pains dans un grand seau d’eau glacée du puits, sous une grande passoire en " vitrex " ( je crois que ça s’appelait ainsi ) le tout dans la cave voûtée de la ferme.

MP3 - 1.3 Mo

Après le petit déjeuner, Grand-mère m’attirait traîtreusement dans un coin de la salle où se trouvait une large pierre plate usée, polie, entrant dans le mur, posée en pente légère, avec un trou d’où l’eau sale tombait directement coulant en direction du tas de fumier ! Evidemment ce n’était pas " gaz électricité, commodités à tous les étages !

Et les bains, pensez-vous ? Eh bien ! Il n’y en avait pas. La douche se résumait, avec l’arrosoir empli d’eau et un grand baquet comme réceptacle. Voilà ! J’ai 80 ans et n’es jamais été couverte de crasse ni de gale !… Grand-mère me frottais donc au savon de Marseille, je me dérobais, piaffais, geignais…Elle étrillait ensuite mes cheveux, ouvrait un placard taillé lui aussi dans le mur de pierre et fermé par une porte en chêne sculpté. Elle en sortait une bouteille de " Sent-bon " et m’en frottait un peu – le dimanche seulement pour aller à la Messe – Le dimanche il y avait une variante à la toilette : les chaussettes ét(aient blanches, les chaussures noires et un chapeau couronnait le tout.

Maman apportait de très jolies robes que Grand-mère " économisait ". La Messe finie, la jolie robe disparaissait sous le sarrau à carreaux de tous les jours. Mais la robe dépassait et les voisines pouvaient voir que " Celle de la Perrine " était " en dimanche ".

Ode.


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Raymond de Cagny