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La Tribune des Valeurs

Hommage aux deux derniers Poilus

La Guerre de 1914/1918, dénommée la grande guerre

mardi 25 mars 2008

Hommage aux deux derniers Poilus

Pour leur rendre hommage, Valeurs Françaises a choisi de vous donner à lire ou relire :

La balade de Florentin Prunier

de Georges. Duhamel

Il a résisté pendant vingt longs jours Et sa mère était à côté de lui

Il a résisté, Florentin Prunier Car sa mère ne veut pas qu’il meure

Dès qu’elle a connu qu’il était blessé Elle est venue, du fond de la vieille province

Elle a traversé la pays tonnant Où l’immense armée grouille dans la boue

Son visage est dur, sous la coiffe raide Elle n’a peur de rien ni de personne

Elle emporte un panier, avec douze pommes Et du beurre frais dans un petit pot

Toute la journée elle reste assise Près de la couchette où meurt Florentin

Elle arrive à l’heure où l’on fait du feu Et reste jusqu’à l’heure où Florentin délire

Elle sort un peu quand on dit : « Sortez » Et qu’on va panser la pauvre poitrine

Elle resterait s’il fallait rester Elle est femme à voir la plaie de son fils

Ne lui faut-il pas entendre les cris Pendant qu’elle attend, les souliers dans l’eau ?

Elle est près du lit comme un chien de garde On ne la voit ni manger ni boire

Florentin non plus ne sait plus manger Le beurre a jauni dans son petit pot.

Ses mains tourmentées comme des racines Etreignent la main maigre de son fils

Elle contemple avec obstination Le visage blanc où la sueur ruisselle

Elle voit le cou, tout tendu de cordes Où l’air, en passant, fait un bruit mouillé

Elle voit tout ça de son œil ardent Sec et dur, comme la cassure d’un silex

Elle regarde et ne se plaint jamais : C’est sa façon, comme ça, d’être mère

Il dit : « Voilà la toux qui prend mes forces » Elle répond : « Tu sais, je suis là ».

Il dit : « J’ai idée que je vas passer » Mais elle : « Non ! je ne veux pas, mon gars »

Il a résisté pendant vingt longs jours Et sa mère était à côté de lui

Comme un vieux nageur qui va dans la mer En soutenant sur l’eau son faible enfant

Or un matin, comme elle était bien lasse De ses vingt nuits passées on ne sait où

Elle a laissé aller un peu sa tête Elle a dormi un tout petit moment

Eh bien Florentin Prunier est mort bien vite Et sans bruit, pour ne pas la réveiller


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redaction@valeurs-francaises.fr

Raymond de Cagny