La Tribune des Valeurs

Petit français, né à Saint Petersbourg le 21 Février 1885, GUITRY Alexandre, Pierre, Georges, était le fils de Lucien Guitry et de Renée de Pont-Jest.

A cette époque, l’aristocratie mondiale parlait français et nos comédiens étaient acclamés dans les grandes capitales.

Son père avait été engagé au Théâtre impérial pour la saison d’hiver, sous un contrat de 9 ans. Madame Lucien Guitry avait mis au monde en 1884 un premier fils. Elle faisait partie de la Troupe de comédiens, mais ses deux maternités ne lui laissèrent peu de temps pour la scène !

La "mamka" d’Alexandre l’appelait "Sacha", ce surnom lui resta !

Lucien Guitry était un excellent comédien, mais un mari déplorable ! Divorce demandé par Madame, séparation, les garçons, en attendant le jugement, restaient à la garde de leur mère, à Paris.

Le père kidnappe Sacha un dimanche de visite, l’emmène soit disant chez le pâtissier, le cache sous sa grande cape, direction Gare de l’Est, cabine réservée dans le train pour Saint Petersburg…

La saison d’hiver terminée au Théâtre impérial, retour à Paris auprès de sa mère et de son frère. Il fallait penser à l’école…Il n’aimait pas du tout… De Janson de Sailly, il prit la clé des Champs après avoir récolté 100 lignes qu’il ne fit jamais !

Bien plus tard, en 1934, pour les 50 années d’existence de ce lycée, il y eut fête ! Il y fut invité pour présider la cérémonie. Son discours avait juste 100 lignes !

Il eut cette phrase "les voici, avec 40 ans de retard !"

De l’école il disait d’ailleurs : Les écoles sont des Etablissements où l’on enseigne à des enfants ce qu’il leur est indispensable de savoir pour devenir des professeurs. "

Adolescent, il était au 7ème ciel lorsqu’il partageait avec son père, plusieurs fois par semaine, le dîner qui réunissait : Tristan Bernard, Alfred Capus, Jules Renard et Alphonse Allais, tous brillant d’intelligence et d’esprit.

Lorsqu’il voulut faire du théâtre, Lucien Guitry ne lui fit pas bonne figure. Il lui donna le rôle de Pâris, dans "La bonne Hélène" sous un pseudonyme ! Un soir, il fut en retard, fit rire le public en ayant oublié sa perruque. Son père le taxa d’amende, ils se fâchèrent. C’était en 19O5, ils ne se revirent qu’en 1918…

Alors que Sacha se préparait, dans sa loge à jouer "Deburau", il apprit que son père avait retenu une loge qu’il quitta sitôt le rideau baissé… Il avait chargé Tristan Bernard de remettre à Sacha une lettre "Je vous attends à déjeuner demain"

Réconciliation…Il lui demanda de lui écrire une pièce…

Sacha écrivit "Pasteur" où son père brilla ! La fille de Pasteur vint voir Lucien dans sa loge, et cria "Papa" en le voyant grimé…

Sacha et son père ne se quittèrent plus et les noms de Lucien, Sacha Guitry et Yvonne Printemps (2ème épouse de Sacha) ne quittèrent plus les affiches.

Sacha lui écrivit également "Mon père avait raison". Ils furent heureux 7 ans jusqu’à la disparition de Lucien. Il jouait avec bonheur la nouvelle pièce de son fils "On ne joue pas pour s’amuser" lorsqu’il dut s’aliter souffrant d’une phlébite. Il mourut quelques jours plus tard. C’était le 1er Juin 1925.

Ode A suivre…

Références et citations tirées du livre "Au bonheur des mots » de Claude Gagnière.